Histoire de l'Ubik

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Histoire de l'Ubik

Le sable, c’était le lot quotidien de celui qui errait dans le désert. La chaleur étouffante du midi était à son comble. Mais était-il réellement midi ? Il avait perdu la notion du temps à force de marcher à la manière des vieux fremens, d’un pas discontinu pour éviter d’appeler un grand ver qui serait sa perte. Ou le commencement d’une nouvelle vie ? Avant de partir, il avait emporté un marteleur, pour en finir si ses souffrances étaient insoutenables. Ainsi, Shaï-Hulud viendrait et l’emporterait dans son rêve sans fin.

Marcher. Encore. Plus loin. Fuir la tyrannie de son père et les miasmes de la civilisation. Fuir la guilde et ses transports, fuir Ix et ses machines ne respectant pas le Jihad Butlérien. « Tu ne feras pas de machines à la pensée de l’Homme égale. » La leçon des Butlériens était claire, malgré ses avantages, les machines étaient limitées. C’est pourquoi on faisait appel désormais aux manats des hommes capables de résoudre des trames logiques et de réagir en conséquence. Que leur eau se perde dans le désert ! Qu’ils soient tous maudits ! Maudits Ixiens, maudits Tleilaxus, avec leurs maudites cuves axlotl ! Les Tleilaxus qui n’en finissaient pas de livrer leurs gholas du célèbre Duncan Idaho. Pourquoi ? Maudits gholas ! Et ces prêtres qui bloquaient les hommes dans leurs peur de Shaï-Hulud !Qu’ils aillent au diable ! Maudits prêtres, maudit Bene Gesserit avec leurs maudites révérendes Mères et leur maudit programme génétique ! Elles qui torturent le cœur des hommes en fuyant l’amour. Maudites imprégnatrices ! Elles disaient appartenir à l’Humanité, mais est-on un Homme si l’on est incapable d’aimer ? Maudit Bene Gesserit ! Qu’ils soient tous maudits ! Fuir tout ceux qui voulaient contrôler l’univers à cause de leur maudite épice produite par millions de tonnes par les Tleilaxus. Encore eux ! Même au milieu du désert, tous continuaient à l’importuner. Trouverait-il jamais la paix ?

Il marchait encore dans le désert, puis, arrivé en haut d’une dune, but une gorgée d’eau du tube de son distille. Il observa l’horizon. Il avait pris sa décision. D’un coup sec et précis, il planta le marteleur au sommet de la dune puis s’éloigna un peu. Un grondement se fit entendre au loin. Il se rapprochait de plus en plus vite. Une odeur de cannelle envahit ses narines et l’air bientôt saturé d’oxygène. Un ver énorme approchait. Quand il fut assez près, sa gueule énorme engloutit le marteleur. Mais, sur sa route, se trouvait un homme en distille dont la cape en lambeaux arborait fièrement encore, un faucon. Au lieu de le dévorer, ils se firent face.

« Je suis venu vers toi pour que tu juges si je mérite de vivre plus longtemps ou si il n’y a plus de place pour moi ici. Je veux que tu juges ta descendance, Léto ! Je veux savoir si tu juges dignes de vivre Léto Atréides quatrième du nom ! »
Dans son esprit, Léto entendit une voix venue des profondeurs du temps. Elle disait : « J’ai choisit. » Alors, Léto ferma les yeux, tandis que la masse impressionnante du ver s’abattait sur le sol…

Le Tyran n’est plus. Voilà déjà mille ans que Léto II, l’Empereur-Dieu de Dune est passé de vie à trépas même s’il vit encore dans les actuels vers des sables dans une perles de conscience qu’aucun d’entre eux ne soupçonne.

Arrakis est redevenue une planète désert, comme prévu par le Tyran. Le clergé vénérant le Dieu fractionné (cf. « Les hérétiques de Dune ») protège à l’excès les hommes des vers, leur interdisant par exemple de le chevaucher comme les anciens fremens, jugeant cette pratique impolie envers Dieu. Les descendants des neufs filles de Siona Atréides et de Duncan Idaho se promènent dans la galaxie, alors que la faction des truitesses, les légendaires soldats de l’Empereur-Dieu se sont alliées aux Ixiens pour survivre. Mais, sur Arrakis, un homme descendant de Siona, a reprit le nom du Tyran pour que renaisse sa maison et son duché. Aujourd’hui, Sur Arrakis, règne le duc Léto III Atréides. A l’origine, son règne était prospère. Le mélange se vendait à haut prix et il représentait la seule source d’approvisionnement du Bene Gesserit et de la Guilde qui en avaient besoin, le premier pour ses Révérendes Mères, le second pour ses navigateurs. Léto III était un bon duc, puisque sur Arrakis, la fin de la Grande Famine fit place à une période de prospérité. Après d’âpres études sur le duc, Le Bene Gesserit décida d’envoyer l’une de ses Révérendes Mères, Dame Joana, devenir la concubine de Léto. De cette union naquirent deux enfants : Une fille, puis un fils. Dès son plus jeune âge, la fille fut confiée aux sœurs pour la former tandis que le fils servirait d’héritier à Léto III, raison pour laquelle il fut nommé à son tour Léto. Bien entendu, Dame Joana avait pour mission secrète d’éliminer le Duc si jamais il voulait reprendre le flambeau de Léto II pour son Sentier d’Or.

Le jeune Léto avait 10 ans quand tout bascula dans la vie de son père. Les Tleilaxus avaient réussi à synthétiser le mélange dans leur cuves axlotl, devenant ainsi producteurs principaux et le revendant à un prix si bas que pour rester compétitif, Léto III dut lui aussi baisser ses prix. Pour garder le train de vie auquel il était habitué, il commença à tyranniser son entourage, puis la cité d’Arrakeen, puis la planète entière. Alors, il envoya des hommes dans le désert en secret pour extraire les minéraux qu’ils purent trouver et notamment du fer. En secret, il se fit bâtir une flotte de non-vaisseaux puissamment armés. Aujourd’hui, il devait recevoir l’un de ceux que le Bene Gesserit ne réussit pas à atteindre : l’Empereur Apophis qui driographie la planète voisine d’Avaris. Celui-ci arriva dans un non-vaisseau de la guilde. Il entra dans le palais d’Arrakeen escorté par une multitude de gardes en armure lourde comme on en fabriquait plus depuis dix mille ans. Ils discutèrent longtemps. Quand ils ressortirent, ils avaient conclu un pacte qui faisait d’eux une grande puissance militaire. Apophis devait fournir des armes et des pièces de vaisseaux alors que LétoIII devait lui fournir du Mélange à un tarif compétitif et des matières premières. Dame Joana eut beau faire son rapport au Chapitre, il était trop tard pour sauver les Atréides. Ensemble, les despotes tentèrent de recréer l’Imperium du temps de Muad’dib et du Tyran.

Les ennuis commencèrent alors pour la famille Atréides.

Tout d’abord, durant la signature du traité, des Danseurs-Visages Tleilaxus prirent la place de certains gardes d’Apophis. Ceux-ci le tuèrent une fois de retour sur Avaris.

Léto III, trop confiant, fut assassiné par Dame Joana grâce une aiguille enduite de Gom Jabbar dans le lit conjugal.

Dame Joana fut ensuite sacrifiée à Shaï-Hulud par les prêtres d’Arrakis qui criaient à l’Hérésie.

Léto IV fut intronisé Duc dans la dixième année standart de sa vie, sans aucune période de Deuil. Le Clergé, compatissant de son jeune âge, s’autodéclara régent et pris peu à peu le pouvoir sur Arrakis et le contrôle de la flotte de non-vaisseaux de Léto III.

Alors que Léto IV atteignait sa dix-huitième année de vie et était en état de reprendre les rênes d’Arrakis, les prêtres l’envoyèrent dans le désert en orni équipé d’un distille aux couleurs des Atréides et avec quelques objets utiles : un marteleur et des provisions d’eau et de nourriture. Action qui lui fut salutère puisque dans les jours qui suivirent, la cité d’Arrakeen fut presque entièrement rasée par une flotte de non-vaisseaux d’une nouvelle faction, appartenant certainement à ceux de la Dispersion malgré la flotte de Léto III avant de repartir aussitôt…

Tout d’abord, ils avaient perdu leur temple ainsi que de nombreuses reliques inestimables. De plus, le Bene Gesserit menaçaient de se fournir en mélange auprès du Bene Tleilax un temps pour les punir du meurtre d’une de leurs Révérendes Mères. Enfin, les Tleilaxus étaient incapables de leur fournir celui qui pourrait les éclairer le plus sur l’Empereur Dieu : un ghola du célèbre Duncan Idaho. Ils faisaient une ronde dans le désert pour rechercher ceux qui s’étaient enfuis quand ils virent avec étonnement un ver chevauché par un homme. Sacrilège ! Encore un fremen qui ne respectait pas la mémoire du Tyran. Il serait châtié comme il le méritait. Il regarda à travers la lunette d’un fusil laser léger à longue portée, utilisée dans des cas comme celui-ci. En effet, le pêcheur était tué sur-le-champ mais le ver était épargné puisque son corps, immunisé de la chaleur, ne sentait même pas le laser sur son dos. Alors que le prêtre allait faire respecter la volonté de Dieu, il reconnu celui qui était sur le Ver. De surprise, il manqua faire tomber son arme de l’orni. Impossible ! Il appela le pilote et lui ordonna de descendre plus bas pour escorter le ver. Il n’arrivait pas à en croire ses yeux. Il lança un appel en holo-communication avec le grand prêtre qui supervisait la reconstruction de la ville depuis les sous-sols du temple.

- Pourquoi me dérangez-vous ?
- Il se trouve que j’ai trouvé quelque chose dans le désert.
- Qu’est-ce donc ?

Le prêtre lui révéla alors ce qu’il venait de découvrir. Le grand-prêtre resta muet de surprise. Au bout de quelques secondes, il reprit ses esprits et dit :

- Je vous envoie 3 ornis en escorte et je fais ouvrir les portes de la ville.
- Et que ferons-nous de lui ?
- Nous allons nous en occuper une fois que Shaï-Hulud sera reparti vers le désert..

La cité était déjà en vue quand la communication fut coupée. Les ornis les rejoignirent rapidement une garde d’honneur les attendaient à l’entrée de la ville. Le ver ralentit et s’arrêta aux portes de celles-ci, son cavalier toujours debout sur son dos. Le grand prêtre arriva en courant, soulevant la toge immense qui cachait ses rondeurs pour ne pas prendre ses petits pieds potelés dedans. Il s’adressa alors à celui qui avait enfreint l’une des règles de base du clergé arrakien avec une pointe de soumission :

- Bienvenu sur vos terres, duc Léto, quatrième du nom.

- Qu’ai-je donc fait pour ceux qui voulaient me tuer m’accueillent en si grande pompe? Demanda Léto tout en fixant le grand prêtre de ses yeux d’un bleu insondable.
- Vous tuer ? Non, vous sauver. Nous savions qu’ils arrivaient et nous vous avons envoyé dans le désert pour vous épargner, expliqua le gros homme tout en jouant avec sa toge presque spasmodiquement.
- Alors pourquoi tant de personnes sont-elles mortes ?
- C’était la volonté de l’Empereur-Dieu qu’elles meurent et que vous viviez.
- Comment pouvez-vous connaître les paroles du Tyran ?
- Ils nous a laissé bien des manières de comprendre ce qu’ils voulait de nous. L’un de ses ordres était de vous sauver.
- Me sauver ? Moi uniquement ?
- Ce sont ses ordres et je les respectes.
- Shaïtan aurait pu me tuer !
A ce nom, tout les prêtres ici présent frissonnèrent. Seul le grand maître garda un peu d’aplomb et relança de derechef :
- Shaï-Hulud !
- Shaïtan !
- C’est pêcher de nommer le Dieu des sables ainsi, surtout en sa présence !
- Shaïtan !
Le Grand prêtre en resta muet. LétoIV, dernier descendant des Atréides à porter ce nom, venait d’utiliser la Voix à sa puissance maximale.
- Maintenant, écoutez-moi attentivement, continua-t-il toujours en usant de la Voix, je sais que vous m’avez livré à Shaïtan pour qu’il me tue mais il m’a épargné ! Vous vous répandez en vaines paroles pour m’amadouer et me faire descendre de ma monture pour me jeter dans l’un de vos pièges afin de conserver votre pitoyable pouvoir ! Vous n’avez pourtant que peu souffert de mon père, vous, membres du clergé d’Arrakis ! Vous méritez une punition pour m’avoir menti, une autre pour avoir voulu tuer un parent de votre Dieu Fractionné et ne autre pour avoir tenté de jouer avec les volontés de Léto II Atréides, Empereur-Dieu. En tant que duc, je vous vous retire les droits du clergé sur le monopôle de l’épice d’Arrakis. Vous devrez donc trouver une autre source de revenus. En tant que descendant de Paul Muad’Dib, je vous impose un nombre limité de prêtres. Suis-je clair ?
- Oui, mon Duc, répondit faiblement le grand prêtre, le cerveau en bouillie à cause de la Voie.
- Me jurez-vous allégeance sur votre vie et votre honneur ?
- Nous jurons, répondirent symboliquement toute la troupe rassemblée.
- Je vous accepte comme vassaux. Toi, dit-il en désignant le grand prêtre, quel piège me tendais-tu ?
- Nous voulions vous tuer quand Shaï-Hul… Shaïtan serait parti.
- Vous espériez tromper votre Dieu ?
- Non, mais enfin, c’est que…
- Écartez-vous !
Lentement, la troupe s’écarta devant le ver, s’ouvrant tel une mer. Lentement, le ver s’approcha du grand prêtre.
- Shaïtan, juges-tu cet homme digne de continuer à te servir ?
- Non, murmura timidement le grand prêtre, vous ne pouvez pas…
- C’est le sort que tu as réservé toi-même à des dizaines de personnes ! Maintenant, si tu es dignes de vivre, tu ne mourras pas.

Alors que le patriarche allait se faire dévorer, le ver s’attaqua à toute la foule de moines et de prêtres soldats qui l’entourait. Qu’ils furent broyés, écrasés, déchirés, terrassés dans la fleur de l’âge, il voyait avec tristesse ses amis, ses compagnons et deux de ses frères se faire tuer sous ses yeux. Léto ne retenait même pas le ver dans sa folie destructrice, sachant que c’était inutile.
- Non… murmura-t-il…
Trop tard, au bout de quelques fines minutes, tous étaient morts, le sang répandu en mares sur le sable.
- C’était moi qu’il fallait tuer…
Le ver se mit en face de lui et se raidit, restant sur place.
- C’était moi qu’il fallait tuer ! Pas eux ! Cria-t-il, les larmes aux yeux. Ils ne faisaient qu’exécuter les ordres !
- Il a décidé de vous accorder la vie.
- C’était moi qu’il fallait tuer, gémit-il dans un dernier sanglot avant de tomber à genoux et de pleurer ses amis disparus à chaudes larmes.
- Ceci est la conséquence de tes actes. Tires-en les bonnes leçons, et tu vivras.
- Je jures sur ma vie et mon honneur de te servir, Léto et de te servir du mieux que je peux, Shaï…Shaï…Shaïtan, lâcha-t-il alors que les larmes revenaient à ses yeux.

Petite planète sans histoire avec ses voisines mais qui connut de graves troubles internes depuis la chute de l'Empereur-Dieu. Apophis, autoproclamé empereur de cette planète par la force des armes. Entre les problèmes politiques et territoriaux, Sethsidian, le fils d'Apophis (se référer à l'Épée de Seth…) parvint à vaincre celui à cause de qui tout le malheur arrivait mais dont il ignorait le nom. Une longue guerre sans fin puisque l'ennemi reviendrait, Sethsidian en était persuadé. Durant cette guerre, Apophis avait péri. Cependant, il laissait derrière lui une foule d'ouvrages fini ou inachevés. Bien que très vieux selon la norme humaine, 5000 ans, cela était du, entre autre à une dérive génique qui affectait sa famille et leur permettait cette incroyable durée de vie. Le plus grand trésor qu'il avait laissé était sans nul doute les dialogues rapportés de Léto II. La légende rapporte qu'ils étaient presque amis et s'échangeaient leurs prophéties et débattaient durant de longs jours sur ce qui était le plus probable d'arriver. Sethsidian, qui garde jalousement ces ouvrages dans sa bibliothèque personnelle, savait désormais ce qu'il en était. Alors que la vision du Tyran était précise et claire mais ne pouvait dépasser la naissance de Siona, et donc voir le destin des Atréides (comme il le souhaitait), Apophis, malgré des visions éparses et floues, pouvait voir certains futurs. Il avait compris que son destin se jouerait avec celui de cette famille aux dons certains. C'est pourquoi, quand Léto III se fit connaître, il le rejoignit aussitôt (d'autant plus qu'il n'appréciait pas lui non plus le Bene Gesserit). Mais ce choix lui fut finalement fatal. Et, alors que Sethsidian est alors sur le trône et porte sur son flanc la prodigieuse Épée de Seth, il consulte les archives pour savoir que faire. Léto III est mort et son fils a disparu. Que faire ? Selon les pactes signés par Apophis et le dernier Léto, il était en droit de réclamer Arrakis. Mais pourquoi n'a-t-il rien laissé sur le sujet ? Il consultait de plus en plus d'ouvrages mais toujours aucunes réponses quand quelqu'un entra :

- Seigneur, Le clergé Arrakien vous convoque à un colloque sur Arrakis dans les plus brefs délais.
- Est-ce tout ? Demanda Sethsidian.
- Non, ils ont précisé aussi qu'un évènement important serait révélés aux yeux du monde à cette occasion.
- Merci, veuillez leur dire que j'arrive de suite.

Pourquoi l'appeler ? Sa planète se débrouillait sans le mélange, donc pas question d'épice. Pas non plus du Bene Gesserit. Peut-être le signe qu'il attendait. Confiant dans sa destinée, il se mit en marche vers son bureau préparer cette "excursion". Là, il découvrit une note concernant son service d'espionnage. Ils avaient identifiés celui qui avait attaqué Arrakeen. Celui-ci était l'un des seigneurs de la dispersion qui avait un nom fremen qui signifiait "celui qui a perdu son foyer" : Gwuzul…

Les derniers rayons du soleil couchant ambrent le désert sans fin. Léto, accoudée au balcon de l'ancienne demeure de ses ancêtre, observait anxieux le paysage. Les seigneurs se réunissaient en ce moment dans le temple en hémicycle en périphérie de la ville. Il était temps pour lui de les rejoindre…

Le vaisseau de Sethsidian venait juste de s'arrimer à la station orbitale d'Arrakis. Selon la charte du clergé danien, il n'avait droit qu'à trois gardes du corps, qui l'accompagneraient partout où il irait. Choisissant trois gardes portant une armure intégrale d'apparat rouge et noire et armés de lances électriques, il se dirigea vers la navette qui lui était attribuée. Il eut seulement le temps de voir d'autres invités, et constata que le Bene Gesserit aussi était de la fête. Avant d'en savoir plus, il fut convié à prendre place et, alors que la verrière se baissait, il ne put qu'entrevoir les nouveaux arrivants Tleilaxus…

Le maître Tleilaxu se demandait pourquoi le grand maître lui avait ordonné de se rendre sur cette petite planète inutile. Peut-être que le clergé arrakéen espérait pouvoir user de son influence pour influer sur le marché de l'épice ? Mais ils se trompaient s'ils croyaient être les seuls à qui Léto II a montré le chemin. Les prêtres devraient s'incliner, où ils disparaîtraient sous les coups de leurs danseurs-visages…

Contrairement à l'habitude, les prêtres chargés de surveiller les entrées furent surpris de voir deux délégations ixiènes arriver. La première venait effectivement de Ix, la seconde venait d'une sécession au sein de la faction et revendiquait ouvertement ne pas respecter la grande convention d'après le Jihad Butlérien et construisaient des machines à l'image de l'Homme égale, soit des I.A. Ceux-ci, constitués en guilde, se faisaient appeler les Mékabob…

L'hémicycle se remplissait de plus en plus. Il ferait salle comble se soir, mais ce qui devait s'y dérouler n'avait rien d'une comédie. Léto reconnut le vieux seigneur Prosquidian, qu'il avait déjà rencontré dans sa jeunesse. L'accompagnaient son fils et son petit-fils : Ophyr et Prosophyr. Il était connu pour sa sagesse, et refusait depuis longtemps les avances de la guilde concernant les incroyables ressources minières de son duché. Ailleurs, il reconnut, dépassent tout le monde de trois têtes, le seigneur Marcus Maximus, dernier héritier de la maison Corrino, qui faisait les empereurs de naguère, mais aujourd'hui au bord de la ruine. Il y avait aussi Zwerkx et "Léto" (nommé ainsi en raison de son incroyable ressemblance avec son aïeul) , tous deux appartenant au corps de guerriers Bene Gesserit, dont la délégation était dirigée par la Révérende Mère Almalexia Brahe. Léto n'ignorait pas qu'elle avait remplacée Dame Joana au Conseil du Chapitre. Mais la délégation Bene Gesserit était accompagnée d'une jeune femme blonde dont l'identité lui était inconnue…

L'un des prêtres s'approcha alors de la barre dite "de l'orateur" et déclara :
"Mes amis, la séance est ouverte. Veuillez acclamer le dernier fils du Dieu Fractionné, voici Léto, quatrième du nom !"

Alors, il s'approcha, sous les murmures et les incompréhensions, et entonna son discours : "J'ai une mauvaise nouvelle : les dispersés sont de retour…"

« Hier encore, nous avons subis de plein fouet la terrifiante puissance de feu des disperssés. Il ne tient qu'à la trahison du clergé de Rakis pour que je sois encore en vie aujourd'hui. En effet, je fut trainé dans le désert alors que ma ville était rasée et sa population en partie anéantie. Les maigres forces de mon père ne furent pas de taille à repousser l'assaut. Mais n'ayez crainte ! Les prêtres ici présent me sont loyaux de même qu'à Shaïtan, le grand ver, qui est venu me trouver et à qui je devais être sacrifié. Disperssés, nos forces sont ridicules et seul le Bene Gesserit de même que le Bene Tleilax disposent de ressources suffisantes pour repousser un assaut massif. Mais deux ? Voici pourquoi vous êtes réunis ici ce soir. Voilà pourquoi je vous ai fait quitter vos foyers tranquilles pour cette planète aride. Je vous propose une alliance. Ralliez-vous à moi, et ensemble, nous pourrons faire de notre galaxie, une forteresse contre laquelle les disperssés se briserons. Bien sûr, je n'attend pas de réponse immédiate. Je vous laisse dix heures pour vous référer à vos chapitres respectifs. Mais j'espère cependant que vous serez nombreux à m'aider à porter la bannière des Atréides. Je me retire et reviendrais dans dix heures exactement... »


LétoIV venait d'achever son discours. Après cette brève apparition, de nombreuses questions effusaient de l'audience qui n'obtenaient aucune réponses. Pour Sethsidian, le choix était fait, et n'ayant personne à qui réferrer ses préférences, décida de concentrer son attention sur la foule. Déjà, de nombreuses délégations avaient quitté l'hémicycle, arguant au scandale. Il n'avait fallu que quelques secondes pour le maître Tleilaxu pour fuir. De toute façon, Léto ne devait pas s'attendre à une aide spontanée. Les Ixiens étaient déchirés. Les uns voulant garder, leur indépendance, d'autres souhaitant rejoindre cette nouvelle faction. Les dissidents Ixiens étaient ceux qui vociféraient le plus puisque leur délégation comportait toutes leurs têtes pensantes. Et même parmi eux, on voulait profiter d'une indépendance si durement acquise.
Mais alors qu'il continuait à observer les alentours, voici qu'un géant aux cheveux chatains, tout vêtu de cuir ample, s'approcha de Sethsidian.

« Seigneur Yu-Tein, quelle joie de vous revoir !
- Tout l'honneur est pour moi, cher Sethsidian.
- Qu'avez-vous pensé du discours de ce cher Léto ?
- Je n'en attendais pas moins de lui. J'ai d'ors et déjà décidé de rejoindre cette faction, et toi ?
- Moi de même, ce n'est qu'uni que nous pourrons lutter contre cet ennemi invisible. Et puis, il y a certaine information capitale dont je dispose qui pourraient nous servir.
- Comment peux-tu avoir des renseignements ? On raconte que tu es technologiquement à l'âge de pierre.
- Non, mon peuple vit selon sa volonté et la technologie est exclue de sa vie, mais ne croit pas que nous soyions ignares pour autant. Bien sûr, au niveau militaire, je suis obligé de recourir à une technologie de pointe, et la paix qui entourre ma planète est propice à mon activité favorite.
- Laquelle ?
- M'occuper des affaires d'autrui... »


Cinq heures passèrent. Sethsidian et Yu-Tein s'occupaient des affaires courantes de leurs planètes en communiquant avec leurs mondes respectifs. Rien d'alarmant ne s'y préparait. Marcus Maximus, lui, hésitait toujours quand à la marche à suivre. Poursuivant son rêve d'empire unifié, il se demandait si LétoIV pourrait diriger un tel empire. Le risque étant bien évidemment les antécédents en les personnes de Muad'Dib et de l'Empereur-Dieu, dont il était le légitime héritier. Bien qu'il n'ait plus de Fremens sous ses ordres (les fremens de musée ne constituant pas une menace direct), et les truitesses s'étant ralliées aux Ixiens, il n'avait évidemment plus aucune force avec lui. Pour négocier, Léto était en position de faiblesse et devrait accepter une aide extérieure pour vaincre. Néanmoins, même si elles sont moindre comparées aux récoltes Tleilaxus, la récolte d'épice continuait de faire vivre la planète et devait peser dans la balance. Mais que pouvait donc lui apporter la maison Corrino à part un nom glorieux ? Les armées l'avaient quitté il y avait des siècles et il ne possédait qu'une faible milice. Mais des fonds sans limites emplissaient ses comptes. Devait-il taire ses ambitions personnelles pour faire confiance à un homme dont il ne connaissait en réalité, que le nom ?...


Contre toute attente, la délégation Bene Gesserit était restée. La Révérende Mère était accompagnée de trois novices, et toutes les quatre rayonnaient par la blondeur de leur toison. Qu'est-ce qui pouvait les maintenir ici ? Voulaient-elles réellement aider LétoIV ? Mais lui, accepterait-il leur aide ?...


Dix heures étaient passées. Léto revint dans l'hémicycle. Sa voix résonna à travers la salle tandis qu'il parla : « Alors, qui a choisit de me suivre ? »
Sethsidian se leva en même temps que Yu-tein.
« Sethsidian d'Avaris prête serment de suivre Léto quatrième du nom dans sa quête de liberté. »
« Yu-tein prête serment de suivre LétoIV sur les voies de la raison, et rejoit sa faction. »
Des Ixiens dissidents, deux d'entre eux se levèrent et jurèrent également de suivre Léto, les deux autres ayant quitté la salle une heure plus tôt.
Ce fut ensuite à Marcus Maximus de prêter serment, tandis que la Révérende Mère Almalexia promettait de le soutenir. Ils furent d'autres anonymes à se joindre à lui, mais bien peu en comparaison avec ceux auxquels il s'attendait. Mais bientôt, une porte s'ouvrit avec fracas, et l'on vit deux des danseurs-visages gardes du corps du maître Tleilaxu entrer.
« Nous nous retirons du Bene Tleilax pour nous joindre à LétoIV ! cria l'un d'eux qui arborait l'énigmatique forme de base d'un danseur-visage. L'autre en revanche lui rappelait le vieux Léto, celui qui il y a longtemps, reprit cette planète aux Harkonnens sur ordre de l'empereur.
« Comment vous nommez-vous ?» Demanda LétoIV.

- Je suis Zwerkx, seigneur, mais mon ami souhaite avoir l'honneur d'être nommé du nom de l'homme dont il a l'apparence.
- Qu'il en soit ainsi. Danseur-visage, nous te connaitrons désormais sous le nom de LétoI. »


Par la suite, plus personne ne se joignit à lui, et ceux qui étaient restés jusque là, furent invités à partir. Léto s'adressa alors à ceux qui restaient et leur dit : « Mes amis, bienvenue dans Ubik ! »

A des années-lumières de Dune, une flotte immense de non-vaisseaux plannait dans l'espace.

D'une taille avoisinant chacun le kilomètre, leur forme profilée ne faisait pas penser aux terribles machines de guerres qu'ils sont en réalité. Leur lourdes batteries à plasma leur permettaient d'être inégalés au niveau de la puissance de feu. Estimant son armée à 10 millions d'âmes et sa flotte à 10 000 croiseurs de types Sentihs ainsi que des milliers de chaseurs de divers types. Mais tous étaient obscurssis par le supercroiseur de l'Exécuteur. Il était incapable de savoir combien de gouverneurs planétaires étaient sous ses ordres, d'autant qu'il gouvernait ce que l'on appelait couramment l'"Empire où la nuit ne tombe jamais". Aux ordres des Honorées Matricharces, il avait été "imprégné" par l'une d'entre elles. Ses obligations étaient simples : envahir l'ancien empire d'où partirent les dispersés et préparer leur arrivée prochaine. Ses espions lui avaient rapportés les derniers rapports concernant la dernière attaque...
Gwuzul visionnait les images de l'attaque. Les destructions, les massacres, les génocides. Ce n'était pas la première fois et jamais il n'avait ressenti d'états d'âmes. Cependant, une personne d'importance capitale avait survécu à l'attaque, celle-ci même qui venait d'anoncer sa survie en créant sa propre faction. LétoIV... Léto... Pourquoi ce prénom lui faisait-il autant d'effets ? Pourquoi gardait-il cette appréhension à l'idée que sa mort lui importait ? Il devait mourir, c'était évident, Elles le lui avaient rappelé déjà ce matin...
"Exécuteur Gwuzul, nous avons eu la confirmation de l'attaque d'Arrakis, mais la cible prioritaire, le duc Atréides, est toujours en vie. Tuez-le par tout les moyens, avant que le Bene Gesserit ne s'en serve contre nous. Les autres ne nous intéressent pas. Si jamais nous n'apprenions pas votre réussite dans les plus brefs délais, nous vous retirerions vos privilèges d'Exécuteur en chef des armée, et deviendrez mon esclave au sens propre du terme."
"Oui, maîtresse..."
Son honneur était en jeu, c'est donc seul qu'il tuerait LétoIV...





"Mes amis, bienvenue dans Ubik", avait dit LétoIV.
Les termes avaient été décidés et chacun était revenu sur ses terres. Léto se retrouvant à nouveau seul sur sa chère planète. Certains s'étaient empressés de repartir, d'autres avaient pris leur temps. Seuls la délégation Bene Gesserit, qui avait demandé une audience privée, Yu-Tein et Sethsidian étaient restés. Yu-Tein et Léto s'étaient déjà rencontrés par le passé, mais c'était véritablement la première fois que Sethsidian le rencontrait. L'ambiance fut de suite détendue, tous trois discutant de choses et d'autres, quand la Révérende Mère Almalexia Brahe et les trois autres soeurs entrèrent dans la salle exigüe.
"Nous avions demandé une entrevue privée, Léto, commença la Mère
- Ils entendront ce que vous avez à dire, ou vous repartirez d'où vous venez, répondit le Susnommé.
- Soit. Vous êtes en âge de vous marrier, Léto, voici pourquoi je me suis permi de venir avec trois novices qui ferons toutes d'excellentes Révérendes Mères, et dont je pense que l'une devrait vous convenir. Je vous présente Soeur Anna Cornelia Jessica, (une jeune fille svelte au visage hésitant entre sévérité et douceur s'inclina), Soeur Karmina Danna (s'inclina celle la toisure d'or pure soulignant des formes agréables et somme toutes, plaisantes) et Soeur Amanda Monica (une jeune fille s'inclina dont les quelques rondeurs accentuaient ses traits en lui donnant une beauté naïve). Je vous les laisse à votre disposition, elles logeront chez les prêtres, avec qui j'ai déjà tout organisé. A vrai dire, ceci est déjà prévu de longue date et cette réunion m'a donné un prétexte pour venir.
- Je ne veux pas être mêlé à vos sombres combines, sorcière !
- C'est ça, où le Bene Gesserit ne vous fournira aucune aide, Léto.
- Entendu, elles restent ici, mais c'est tout. Veuillez disposer.
- Seigneur Léto, dit-elle en se courbant légèrement avant de partir d'une démarche rapide.
- Mesdemoiselles, faites comme il vous plaira, nous nous reverrons si l'avenir le décide."
Elles s'avisèrent alors de sortir pour prendre quelque repos. Léto croyait alors pouvoir s'entretenir avec ses nouveaux amis quand un grand bruit de voix s'éleva des salles voisines :
" Fichtre et foutre ! Laissez-moi passer allons garçons, puisque je vous dis que je suis un ami de Léto.
- Non monsieur, répliqua un garde.
- Non ? Mais j'ai de grandes choses à lui, des secrets de guerre que nul ne connait...
- Dans ce cas, passez et faites vite, dit-il avant de laisser entrer et continuer à le surveiller.
- Seigneur Léto ? Un homme veut vous voir de toute urgence !
- Faites-le entrer, lâcha-t-il exaspéré..."
La porte s'ouvrit alors sur un homme de taille moyenne, les cheveux grisonnants, d'énormes lunettes et une voix rayée à l'impossible.
- Richard ?!? je suis si heu...
Mais la main dudit Richard venait de s'écraser sur sa joue avec la plus extrême violence.
- Alors comme ça, tu fais ton alliance et on invite même pas son précepteur ?
- Richard, je te croyais mort...
Une seconde giffle venait de le frapper...
- Et alors, je compte pour du beurre, grrrnirbll, tu aurais pu t'assurer de ma survie, mais non, tu massacre les prêtres et forme ta guilde.
- Je peux faire quelque chose pour ?...
- Nan !
- Et si ... ?
- Nan !
- Que veux-tu alors ?
- Te souhaiter bonne chance garçon. M'en vais fumer ma cloppe moi...
Il partit alors sans demander son reste, tirant un briquet de sa poche de veston.
- Mes amis, voici Richard, mon précepteur, un peu, heu... spécial...
Abbassourdis par cette improbable apparition, ils conclurent que les mots pouvaient attendre le lendemain, et que l'heure était alors au repos...